Eric PETR [ a.m.o.u.r. ... ]
Titre : 0x38E61301 / Ph. Eric Petr |
abandon, mouvement, ouverture, univers, renaissance
« L’
a.m.o.u.r. est une onde qui
traverse les galaxies et irradie notre subconscient. Avec cette série, j'ai
voulu me rendre au cœur de cette vibration pour capter cette énergie
formidable. »
36 photographies numériques faisant référence
aux 36 visions de Jean dans l'Apocalypse ont été prises sur le vif en mode
manuel sans utiliser la mise au point automatique et en contrôlant la vitesse
et le temps de pause. Elles sont éditées sans retouches et imprimées par les
propres soins du photographe sur des papiers d'art épais aux structures mates
ou barytées.
De l’expérimentation à la contemplation, du
flou à la netteté, de l’éblouissement à l’obscurité, Eric Petr utilise les propriétés
de l’accident pour en révéler l’éventail des possibles. La lumière et le temps
sont la matière première de son œuvre qui traite du « ça a été » ;
une suspension du moment comme l’analysait Roland Barthes. Une croyance
spontanée attestant matériellement de phénomènes non physiques du temps passé à
jamais disparu. Ce temps qui interroge la mort inévitable de toute chose et sa
possible survivance fantomatique dans l’image.
Il y a cette fascination pour la tension entre
le visible et l’invisible, pour cette tentative d’exprimer ce que l’on ne voit
pas et ce qui est indicible. L’artiste souhaite restituer l’énergie ressentie
comme une matière visuelle tout en conservant la densité spectrale.
Ses travaux jouent sur l’apparition de l’image
avec le pouvoir de suggérer plus que de montrer. Pressentiment, clairvoyance, dissolution,
interprétation… Dans ce continuum de strates, il ne se laisse pas aveugler par
les facilités d’un art contextuel. Le positionnement de sa démarche face à l’environnement
est un outil de conditionnement et de circonstances. Ses photographies ont été
réalisées pendant la procession de Noël 2017 à la Grotte de Sainte
Marie-Madeleine, en pleine nuit, dans la montagne de la Sainte Baume.
« Un point de croisements énergétiques
où, depuis des millénaires les hommes ont édifié et pratiqué des choses très
puissantes d'un point de vue symbolique. » Les émanations du lieu
incarné sont autant de fragments autonomes à multiples vitesses. Chaque cliché
propulse des éléments dissemblables, redoublant l’altérité de l’appartenance et
venant questionner l’identité, le statut de l’événement et sa représentation.
Statues de pierre, promeneurs, flambeaux… Des
formes sculptées dans la lumière sont traversées par des lignes étincelantes et
agitées. Ce sont des phénomènes imperceptibles à l’œil nu, des petits miracles
en lévitation.
« Ces ondes
ont des fréquences qui échappent à notre spectre humain et terrestre. »
Le cinétisme n’est pas une illusion d’optique.
Eric Petr redonne à voir dans un autre espace, un autre temps. Le regardeur est
projeté dans une dimension surnaturelle, hallucinatoire entre la reconnaissance
et la désorientation sensorielle où ce qu’il voit et ce qu’il sait est remis en
cause.
Tout repose sur l’investigation et la prise de
vue qui s’installent dans la lenteur de l’observation, d’un repos.
« Lorsque
l'obturateur est ouvert, je m'abandonne dans le flux de lumière qui vient à moi
(…) Photographier c’est pour moi une véritable méditation. »
L’expérience
s’appuie en introspection sur des facultés intimes de perception. Dans cette
cavité profondément enfouie rien ne se perd, tout est en
mouvement et se transforme chaleureusement. Malgré la température glaçante (-10°C) lors de la captation, des
émanations de chaleur imperceptibles sont devenues sensibles invitant la force
rayonnante à s’envelopper d’un rouge magnétique.
« Cette
tonalité est l'évocation de l’amour, ce lien fraternel d'hommes et de femmes
qui se réunissent dans un élan commun spirituel. »
Eric Petr ouvre l’imaginaire en créant un espace
catalyseur de nos croyances. La distance s’effile entre l’irréel et sa
représentation. Les potentialités de convictions et d’errance se confrontent et
demeurent capturées dans un absolu éphémère où la foi exclusive pour le
tangible se laisse mettre à mal par le champ vibratoire de la lumière.
Canoline Critiks
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