Interview of French artist Eric Petr
Also in French ⬇︎
The Eye of photography
Eric Petr, A Favorite of L’Éléphant
BIOGRAPHY
Eric Petr is a French photographer born in 1961.
He
lives in Marseille and, very discreetly, walks around with his camera
into public and sacred places. His photographs dazzle, amaze young
children through their beauty. They subjugate, astonish mature viewers.
Eric
Petr, at seven years old, was a precocious and talented "shooter".
Humble and belonging to no one, his photos, variations of light,
summarize what life is: fragility and greatness. ...
INTERVIEW
Why did you choose photography?
I
didn't choose it. It imposed itself on me as if something in my
subconscious memory was always connected to it. When I look into the eye
of my camera, a distance from the world is created, and this distance
is what gives me the necessary space to feel in sync with this world.
Ever since I looked though the viewfinder of the 6x9 my father lent me
at a very young age, I was fascinated by this alternating ambiguity
between being an observer and an actor in the observation. For me,
photography is the way to free something unconscious, dominated by an
instinctive drive, inspiration.
How did you end up making these types of photos?
It
was a long journey, but, in the end, when I think about it, everything
is pretty consistant. I always had the desire to draw out the invisible
record of the interconnection of universal elements and the relationship
that connects us to them.
What would you like to photograph you haven't yet?
My
dream would be to photograph what came before the Big Bang, just to
reassure myself and tell that our universe is only a fraction of a spark
of a world in perpetual movement, not a world frozen between
parentheses, a world without a father.
What influences the figurative for you?
The
figurative stabilizes the elements. It assures us that we are. It
reassures us in the sense that we can see, is. It creates an image
frozen in our present. This image takes an atemporal dimension through
which our minds can travel in the spacetime of our imagination.
- § - § - § -
L'Œil de la photographie
Eric Petr, un coup de cœur de l’Éléphant
BIOGRAPHIE
Eric
Petr promène son appareil photo, en toute discrétion, en des lieux
publics et sacrés. Ses photos éblouissent, émerveillent par leur beauté,
le jeune enfant ; elles subjuguent, étonnent l'admirateur averti. Eric
Petr, à 7 ans, était un précoce et talentueux "déclencheur". Resté sans
maître, et humble, ses photos, variations de lumière, résument ce qu'est
la vie : fragilité et grandeur.
Eric Petr est un artiste-photographe français, né en 1961.
Il vit à Marseille.
INTERVIEW
Comment définiriez-vous votre photographie ?
Ma
photographie est une réflexion sur l’essence de la lumière. Elle
questionne sur ce que l’observation imposerait certaines limites à notre
perception du réel. Elle montre la fragilité et la beauté de la vie.
Pourquoi avoir choisi la photographie ?
Je
ne l’ai pas choisie, elle s’est imposée à moi comme si dans ma mémoire
subconsciente quelque chose m’avait toujours relié à elle.
Quand
je regarde dans l’œil de mon reflex, une distance avec le monde se
produit et cette distance est celle qui me donne le recul nécessaire
pour me sentir en phase avec ce monde.
Depuis que
j’ai regardé, tout jeune, à travers le viseur du 6x9 que m’avait prêté
mon père, j’ai été fasciné par cette ambiguïté éprouvée à être tour à
tour observateur et acteur de son observation.
La photographie est pour moi le moyen de libérer une écriture inconsciente, dominée par une pulsion instinctive, l’inspiration.
Comment êtes-vous arrivé à ce type d’images ?
C’est un long parcours mais, quand j’y pense finalement, tout est assez cohérent.
J’ai
toujours eu le désir d'écrire la trace invisible de l’interconnexion
des éléments de l’univers et la relation qui nous lie avec eux.
Avec quel matériel travaillez-vous ? Pourriez-vous expliquer votre technique ?
Je travaille essentiellement avec un Nikon F3 et un Nikon Df donc, avec l’argentique et le numérique.
Je n’utilise jamais de zoom pour préférer les vieux objectifs qui ont une âme et avec lesquels je ressens une belle énergie.
Je
n’utilise pas de programme, je suis toujours en mode B (Bulb) et je
n’utilise jamais le mode de mise au point automatique. La sophistication
des appareils modernes me gêne et m’ennuie plutôt qu’autre chose.
J’ai un peu l’impression, lorsque je me retrouve avec de vrais photographes, de faire partie d’un monde qui n’existe plus.
Mais dans un sens, comme mes photos parlent d’intemporalité, ça leur va bien.
Vos séries sont-elles réfléchies avant la prise de vue ? Si oui comment naissent-elles ? Si non, comment naît la série ?
Dans
mon esprit, mon négatif est la toile du peintre et la lumière, son
pinceau. Dans la problématique posée, le rai de lumière est fixe ; c’est
l’appareil qui doit être mobile. Comme si le peintre devait bouger sa
toile pour peindre avec un pinceau fixé au mur. C’est ainsi que je
photographie.
Je vais donc
composer mes couleurs, dessiner mes formes, mettre en vibration des
lueurs que j’extrais de lieux éternels et chargés d’une énergie
particulière, pour écrire des histoires célestes de ce pinceau de
lumière.
La question que je pose ici : qui tient ce pinceau ?
Ne
serait-ce pas celui qui se trouve derrière la lumière, justement ?
Cette connaissance qui précède la lumière ? Cet espace qui voit ce que
voit la lumière ? Cet instant qui précède le Big Bang ? Ce trou noir qui
renferme les secrets de l’univers et qui nous sont délivrés, sous la
forme d’une écriture codée et poétique, sur ma pellicule ?
Mes
séries sont toutes issues de cette même réflexion : la représentation
de corps célestes, invisibles dans notre système en, seulement, trois
dimensions.
Chaque série montre une dimension différente de ces corps.
Pour
mieux comprendre, imaginons un volume suspendu dans l’espace. Imaginons
également que nous projetions une source de lumière sur ce corps. Nous
obtiendrions alors des formes réfléchies par la lumière, sur un mur
opposé, de différentes structures, selon que la source d’éclairage est
d’un côté ou de l’autre du volume. Les différentes images projetées de
ce corps donneront une lecture multiple de ce qu’il est réellement. Pour
autant, aucune des formes projetées ne sera inexacte, ni même exacte.
C’est uniquement la multiplicité en série de ces formes projetées qui
apportera une définition plus précise des caractéristiques du volume
éclairé.
Mes séries fonctionnent comme ces
projections. Chaque série montrera une seule dimension de l’univers mais
l’ensemble de mes séries apportera autant de facettes que l’univers a
de dimensions.
Qu’est-ce qu’une photographie réussie ?
Une
photographie réussie est une photographie qui traversera les temps sans
jamais livrer son mystère. C’est son intemporalité qui fera d’elle son
éternelle contemporanéité.
Qu’aimeriez-vous photographier que vous n’avez pas encore fait ?
Mon
rêve serait de photographier ce qui précède le Big Bang, juste pour me
rassurer et me dire que notre univers n’est qu’une fraction d’étincelle
dans un monde perpétuellement en mouvement et non pas un monde figé dans
une parenthèse, un monde sans père.
Que vous inspire le figuratif ?
Le figuratif fixe les éléments. Il nous assure que nous sommes.
Il
nous rassure au sens que ce que nous pouvons voir, est. Il crée une
image figée de notre présent. Cette image prend une dimension
atemporelle à travers laquelle notre esprit peut voyager dans
l’espace-temps de notre imaginaire.
Comments
Post a Comment